“Beauté Congo / Congo Kitoko” à la Fondation Cartier, “Malik Sidibe” au Grand Palais, “100% Afrique Capitales” à la Grande Halle de la Villette, “L’Afrique des routes” au musée du quai Branly etc… . Les récentes expositions au sein des grands musées parisiens et galeries d’art montrent le grand intérêt que suscite l’art contemporain africain auprès du grand public français voire du grand public international.
Ancrée dans une course effrénée vers le développement, l’Afrique doit s’engager à agir sur tous les fronts : l’économie, la démocratie, la santé mais aussi la culture notamment les arts plastiques. Or, c’est rarement à ce domaine que l’on pense quand il s’agit de parler de l’“Afrique du future”. Pourtant, c’est justement aujourd’hui grâce à la promotion des arts plastiques africains modernes, éveillés, colorés et poignants que l’image d’une Afrique archaïque se déconstruit. Et si les Etats africains peinent à mener la marche dans le domaine de l’art, la lumière provient souvent des personnalités africaines comme le millionnaire congolais Sindika Dokolo qui s’est depuis peu dévoué à l’art en devenant l’un des plus grands collectionneurs d’art africain. Mais les véritables chevaux de Troies sont les femmes africaines (est-ce vraiment étonnant ?).
On a une génération de femmes imprégnées par la mondialisation, qui tend à faire rayonner l’Afrique dans l’art contemporain. Alors lumière sur ces femmes africaines qui font bouger le monde de l’art. Episode numéro 3 : Koyo Kouoh.
Vous ne la connaissez pas ? Et pourtant son nom est sur toutes les lèvres et à chaque fois cité dans les listes annuelles des jeunes curateurs d’art les plus influents du monde. On peut dire que la camerounaise Koyo Kouoh a fait ses preuves et réussi à marquer le monde de l’art contemporain de son empreinte. Née en 1967 au Cameroun, elle découvre sa passion pour l’art à la fin de ses études d’économie effectuées à Zurich en Suisse, lorsqu’elle décide d’arrêter sa carrière professionnelle dans le secteur bancaire pour se consacrer à la littérature et au cinéma (1). Son amour pour la “culture noire” en générale se révèle par le biais de ses lectures passionnantes allant de l’afro-américaine Toni Morison au sénégalais Ken Bugul (2). Mais elle découvre que l’Europe n’est pas pour elle : “Je me suis rendu compte que j’étais Africaine et noire. je me retrouvais dans un spectacle où je n’étais pas exclue, mais où je n’avais pas de rôle” (3). En 1996, elle s’installe donc à Dakar après avoir visité une première fois la capitale sénégalaise à l’occasion d’une rencontre avec le cinéaste Ousmane Sembène. C’est alors qu’elle décide de consacrer sa vie à la promotion de l’art contemporain africain.
C’est à partir de 2001 que son nom commence à résonner dans le milieu très fermé de l’art contemporain quand elle est nommée co-commissaire des rencontres africaines de la photographie de Bamako, au Mali. L’année suivante, elle enchaîne avec un poste de coordonnatrice des programmes culturels de l’Institut Gorée au Sénégal. Ce qui l’amène également à participer à la prestigieuse Biennale de Dakar. Indépendante, elle décide de fonder en 2008 un centre d’art à Dakar : le RAW Material Company. C’est également un espace de débat où des sujets sur les sociétés africaines, le féminisme sont débattus. Ambitieuse et déterminée, elle devient commissaire du 1:54 Contemporary African Art Fair de Londres. Influente, le ministère sénégalais de la culture lui confie en février 2014 la charge de réformer en profondeur la Biennale de Dakar.
Sa renommée internationale lui vaut des articles remplis d’éloges dans les magazines Sleek (4) et artnet news (5) ou encore dans l’illustre journal du New York Times (6) .
Références.
(1), (2), (3) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/10/30/koyo-kouoh-ambitieuse-et-influente_4800369_3212.html
(4) http://www.sleek-mag.com/2016/12/14/female-curators-art/
(5) https://news.artnet.com/market/female-curators-to-watch-2016-417779