1/ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots s’il vous plaît ?
Bonjour, je m’appelle Lunise Marquis. J’ai 37 ans et je suis élue depuis mes 28 ans dans le 12ème arrondissement à Paris. Je suis née à Port-Margot, pas très loin du Cap-Haïtien à Haïti. Je suis devenue Française à l’âge de 3 ans après avoir été adoptée. J’ai grandi en Eure et Loir à la campagne. Je vis à Paris depuis 16 ans. Je suis arrivée pour mes études et je n’en suis jamais repartie.
2/ Vous êtes maire adjointe déléguée à la petite enfance, à la protection de l’enfance et aux familles à Paris, en quoi consiste votre poste ?
J’ai en effet une très belle délégation qui me permet de veiller aux engagements de mandature voulu par l’équipe municipale menée par la maire Catherine Baratti-Elbaz. Je veille à ce qu’il y ait 500 nouvelles places en crèche supplémentaire dans l’arrondissement d’ici 2020. Je préside la commission d’attribution de place en crèche que nous avons souhaité anomymiser pour que l’équité et la mixité sociale soient au coeur de nos décisions d’attributions. Je travaille également sur la parentalité pour que les parents aient des lieux où se poser, échanger, se sentir moins isolés et parler de leurs vies au quotidien avec leurs enfants. Sur le volet protection de l’enfance, je travaille avec la PMI (protection maternelle infantile). C’est un mandat passionnant et enrichissant.
3/ Vous êtes une élue de la République, quels obstacles avez-vous franchis pour en arriver là ?
On ne peut pas vraiment parler d’obstacles, mais d’engagements dans la volonté de porter ses idées et ses valeurs. Je suis militante au Parti Socialiste depuis 2005 parce que j’ai souhaité m’engager dans la vie de la cité. Je pensais pouvoir apporter quelque chose de différents. J’ai passé des étapes, le vote des militants puis le vote de mes concitoyens.
4/ Nous sommes en 2016 mais il est toujours difficile pour les femmes d’avoir de la visibilité en politique et d’avoir accès à des postes importants ; Pourquoi les quotas ne permettent-ils pas une place plus grande et pérenne des femmes ?
Alors il y a des avancées, mais elles sont très lentes. La gauche a imposé la parité sur les scrutins de liste ceux qui a permis que dans toutes les municipalités et les régions il y a la parité. En changeant et en imposant un binôme homme/femme le scrutin des départementales a enfin vu le même nombre de femmes et d’hommes aux conseils départementaux. Cependant, sans volonté des partis de présenter autant de femmes que d’hommes sur les circonscriptions éligibles, l’Assemblée Nationale restera très en retard. Les partis de droite préfèrent payer des amendes astronomiques plutôt que d’investir des femmes aux législatives. Le sexisme est encore trop présent dans les mentalités.
5/ S’il est difficile pour une femme blanche d’intégrer l’échiquier politique, l’est-il encore plus pour une femme noire ?
Non, je ne pense pas quand on a les codes politiques la couleur ne compte plus. Le combat est violent entre les femmes elles mêmes. Noire ou blanche, la solidarité féminine ferait avancer la place des femmes à des fonctions électives.
6/ Que pensez-vous de la représentation des femmes noires dans le milieu de la politique ?
La représentation des femmes est faible parce qu’elles n’osent pas s’engager, mais une fois que l’on a franchi la porte d’un parti que l’on soit noire ou blanche il ne faut rien lâcher et s’imposer. La place c’est à nous de la prendre. Et il ne faut jamais écouter les gens qui raconteront que l’on a rien à faire là.
7/ Vous êtes une femme issue d’une minorité “visible”, n’avez-vous pas peur d’être la caution “diversité” de votre parti ? Une autre Rama Yade ou Najat Vallaud-Belkacem…
Non, tout dépend du fait d’aimer être instrumentalisée pour atteindre plus rapidement des objectifs. Je ne suis pas naïve, je suis une femme, je suis une femme noire, j’ai été élue à 28 ans car j’entrais dans l’air du temps. Je n’ai jamais utilisé le fait que je sois noire pour obtenir quoique ce soit. Être noire c’est un fait, mais ça ne détermine pas ce que je suis et les idées de progressisme sociale que je porte dans mon mandat.
8/ Vous êtes membre au PS, votre parti connaît une crise interne et le gouvernement a perdu depuis longtemps la confiance de la majorité des Français, comment expliquez-vous cette chute ?
Les partis connaissent tous une crise actuellement, car il y a une crise de confiance globale des Français dans la parole et l’action politique. La place du Parti quand il a ses membres au gouvernement change complètement.
Je ne suis pas politologue pour expliquer cette chute. Est ce parce que l’on a pas assez expliqué dans quelle situation était le pays après cinq ans de Sarkozysme ? Est ce parce que l’on a pas assez communiqué sur toutes les mesures qui ont été mises en place depuis quatre ans. Est ce que le Hollande-Bashing depuis le 7 mai 2012 a été efficace dans cette chute ?… C’est un ensemble complexe de choses dont on pourrait parler indéfiniment.
9/ La France traverse aujourd’hui une période de crise. Qu’est-ce qui doit changer ?
La crise est violente parce que les inégalités sont importantes. Les Français ont perdu confiance en eux, ils ont peur de l’avenir alors qu’ils ont les solutions en mains. Les mesures prises par le gouvernement montreront leurs fruits dans quelques années. Donc les Français se disent ma vie, n’a pas changé, je ne voterais plus, je voterais blanc ou je voterais pour les extrêmes.
10/ 2017 arrive à grand pas, qu’appréhendez-vous pour ces élections ? Quelles sont vos attentes ?
Alors pour 2017, c’est la première fois où je ne sais pas ce que les élections donneront. Tout est possible, même le pire. J’attends qu’une gauche réformiste s’assume complètement. Des décisions courageuses ont été prises, sur l’emploi, la sécurité sociale, le travail. Il faut continuer. La France doit avancer.
11/ Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaiteraient s’investir en politique comme vous ?
Je leur dirai que ça vaut la peine, surtout un mandat local car à notre échelle on peut voir l’impact des politiques choisies sur la vie de tous les jours de nos concitoyens.
Il faut rester soi même et croire qu’un changement est possible.
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