Jeune maman, consultante en stratégies digitales plus particulièrement en social média et influence, Amélie Ebongue est à la tête de l’association « Parfait pour Jaden » qui vise à améliorer les conditions des femmes enceintes au Cameroun et qui traite tout particulièrement des questions de santé materno infantile. Un projet qu’elle a mis en place après son accouchement afin de se concentrer sur un engagement et une conviction plus forte, alors même qu’elle avait au départ pour projet de lancer une marque de lingerie. Nous lui avons posé quelques questions.

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Quels sont vos objectifs et quels sont les moyens que vous utilisez pour mener vos différentes actions ?
Je travaille sur la constance, je ne veux pas brûler les étapes. J’accorde une réelle importance à chaque action, du simple message reçu via le site, aux intentions de communication à l’arrivée d’une nouvelle ressource au sein de l’association. Mon ambition est grande, j’aimerais à terme sensibiliser un maximum de femmes sur le sujet et pouvoir fournir des soins à moindres coûts au plus grand nombre de femmes enceintes au Cameroun.
La santé materno-infantile est un sujet important et très peu discuté au Cameroun, comment expliquez vous ce manque d’initiatives autour d’un sujet aussi important ?
La santé maternelle est une cause qui selon moi devrait toucher toutes les femmes à travers le monde, et ce qu’elles aient pour désir ou non d’enfanter. Certains organismes sont présents au Cameroun et œuvrent dans la santé maternelle également, je pense au chèque-santé mis en place par le gouvernement camerounais. Instauré en 2015 par le Ministère de la Santé publique pour une phase pilote pour trois ans, il a pour objectif de réduire la mortalité maternelle et infantile dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua du pays. Cette partie est la zone la plus touchée du pays.
En tant que vous même maman, comment définiriez vous la maternité (le fait de porter et de donner la vie) ?
Devenir mère, à un jeune âge a changé ma vie, c’est une aventure humaine incroyable qui est la plus belle chose qui m’est arrivé. En réalité, cela m’a permis d’en apprendre beaucoup plus sur moi, mes envies, mes émotions, mes relations familiales et amicales, mais surtout sur qui j’aspirais à devenir et encore plus en étant mère. J’ai une folle idée de la quête de sens qui m’anime intérieurement et que je ne veux en aucun cas perdre de vue.
Quel regard portez-vous sur la communication institutionnelle qui est faite autour de la santé materno-infantile au Cameroun ?
Il n’y a pas de campagne de sensibilisation présentée par les institutions à ce jour, c’est en progression et c’est important de le soutenir. Les démarches et les initiatives locales sont toutefois, fortement encouragées.
Les femmes camerounaises ont-elles selon vous conscience de tout ce qu’il faut faire pour mener à terme une grossesse en toute sécurité ? Comment expliquer la désinformation et le manque de prise en charge ?
Il y a de la progression, grâce à la communication et le bouche à oreille, souvent l’expérience des autres permettent une prise de conscience évidente. Malgré qu’il y est encore des zones dans le Nord et l’Extrême Nord du pays notamment, où les femmes préfèrent accoucher par habitude, à la maison, assistée par des matrones. La formation de ces accoucheuses traditionnelles pourrait constituer de belles ressources humaines pour les milieux hospitaliers en zone rurale, ainsi cela permettrait d’éviter les complications liées à la grossesse entraînant la mort de la mère et/ou du nourrisson.
Le manque de moyen est-il selon vous un handicap de la maternité au Cameroun ?
Les moyens manquent, c’est une certitude. Il faut savoir qu’en moyenne les femmes dépensent au minimum 10 000 FCFA pour accoucher dans un hôpital en ville. Si malheureusement, la situation se complique avec une césarienne, le prix de l’intervention peut s’élever à plus de 50 000 FCFA, selon les hôpitaux. Imaginez un peu ce que cela représente.
Au niveau du personnel médical et des infrastructures, sont-ils aujourd’hui de qualité optimale pour garantir aux femmes un suivi et un accouchement sécurisés ?
Les hôpitaux basés en ville sont équipés, mais malheureusement, tout le monde n’y a pas accès. Mon rêve : faciliter cet accès à toutes les femmes enceintes du pays.
Quelles solutions sont envisageables selon vous ?
Selon moi, le programme de santé que le gouvernement avait initié il y a quelques années devraient se poursuivre dans l’ensemble des centres de santé du pays. Généraliser, la formation des sages-femmes en prenant compte des évolutions du métier, de la pratique et des nouvelles technologies qui permettront par exemple à accéder à un echo-doppler. En parallèle de l’échographie classique, il existe différents outils d’imagerie médicale qui permettent de surveiller de façon bien plus poussée le développement et la vitalité du bébé in utero. Le doppler fœtal par exemple est un examen clef.
Pour finir, si vous deviez donner 5 conseils aux futurs mamans qui nous lisent, que diriez vous ?
Pas si simple comme question, mais je dirais sans hésiter :
- Aimez-vous aussi fort que vous puissiez
- Restez vrais avec vous-même !
- Lâchez prise !
- Apprenez à relativiser sur vos tracas du quotidien
- Écoutez votre coeur