Rebecca Cathline, 30 ans et fondatrice de Ma Coiffeuse Afro (MCA) depuis 2016, est notre BWOI du jour.
L’entrepreneuriat c’est son quotidien depuis sa tendre enfance et le milieu de la beauté aussi. En effet sa mère a été elle même à la tête de deux instituts de beauté au sein desquels Cathline a passé plusieurs après midi plus jeune. L’auto-emploi a donc toujours été pour elle une évidence, d’autant plus qu’elle pouvait compter sur un soutien indéfectible de sa maman. Ainsi, à l’âge de 16 ans, elle se lance pour la première fois dans un projet : Rap O Féminin (une compilation dédiée aux rappeuses de toute la France distribuée notamment par Because Music). Depuis un peu plus de deux ans aujourd’hui, elle est à la tête de la plate forme « Ma Coiffeuse Afro » dont elle a accepté de nous parler au cours de cet entretien entre autre. Lisez plutôt !
Parlez nous de Ma Coiffeuse Afro et de vos débuts dans ce milieu …
Nous avons lancé MCA en février 2016 (avec mon associé Emmanuel), notre vision, dès le départ n’est pas de diversifier le monde la coiffure, mais de le normaliser. J’avais déjà l’idée de MCA depuis un bon moment car concrètement je galérais pour me faire coiffer. J’habitais une petite ville à Arpajon dans le 91 à une heure de Paris et j’enviais mes copines qui avaient des mères ou des sœurs qui pouvaient les coiffer. Comme alternative, j’avais trouvé le Bon coin, à chaque fois, je posais les mêmes questions : « Avez-vous des photos de vos coiffures », « vos tarifs », « vos dispo » … J’y passais des heures et je me disais que c’était juste dingue de pouvoir passer par une appli pour réserver un taxi ou un resto mais de passer autant de temps quand tu es une femme noire pour trouver une coiffeuse. (Je ne te dis même pas une bonne coiffeuse mais simplement une coiffeuse). Et comment savoir si en plus elle coiffe bien ?
Je suis passée de l’idée à l’action, un jour lorsque je suis tombée sur une émission (Le supplément) dont Christiane Taubira était l’invitée, un chroniqueur raconte qu’elle a finalement ramené sa coiffeuse de Guyane, ne trouvant pas de coiffeuses sur Paris. A ce moment là, je lance un regard à ma mère et lui dit » Si Christina Taubira a le même souci que moi, c’est qu’il y a quelque chose à faire ». Quelques jours plus tard, j’enregistre le nom de domaine « Ma Coiffeuse Afro ». En mai 2015, nous n’avons qu’une page Facebook mais très vite nous sommes finalistes du concours « Talent du numérique » organisé par BFM business. En Février 2016, nous lançons officiellement Ma Coiffeuse Afro.
Quelle a été votre principale motivation ?
J’ai lancé Ma Coiffeuse Afro, principalement pour qu’une femme avec les cheveux crépus / frisés ne soit pas contrainte de se rendre à une heure de chez elle pour se coiffer et pour qu’elle puisse profiter du confort de se faire coiffer à domicile avec des coiffeuses sélectionnées. Notre objectif est de rendre la beauté accessible à toutes. Notre cible est principalement constituées des femmes aux cheveux crépus et frisés. Et après 2 ans d’activités nous avons réussi à résoudre les principales difficultés que nous avons rencontré au départ.
Parlez nous du réseau de coiffeuses et de votre organisation plus généralement …
Nous collaborons aujourd’hui avec 150 coiffeuses sur toute l’ile de France. Nous recrutons nos coiffeuses lors de session de tests au sein de nos bureaux, cela nous permet de vérifier leurs compétences et d’échanger avec elles sur les attentes de nos clientes.
Quelles sont les difficultés que les femmes afro descendantes rencontrent le plus aujourd’hui ?
Par rapport à mon activité, j’ai très vite constaté qu’il y avait un vrai problème au niveau de l’offre : en coiffure et maquillage, qui concerne à peu près 20% de la population (ce qui ne représente pas un marché de niche comme on peut souvent l’entendre) et face à ce problème, j’ai souhaité proposer une solution pour simplifier la vie de toutes ces femmes. Ce n’est pas une simple histoire de cheveux, il s’agit ici de représentation et de valorisation des femmes afro descendantes.
Quelles sont les femmes qui vous inspirent au quotidien ?
Du coté des Etats-Unis Oprah Winfrey et Shonda Rhymes, m’inspirent beaucoup. En France (c’est plutôt un homme), je trouve que le parcours du rappeur Booba est très inspirant.
Et enfin, si tu devais donner 3 conseils aux femmes qui nous suivent pour mener à bien leur vie professionnelle et personnelle …
- N’ayez pas peur d’échouer : La plupart des femmes que je rencontre ont peur de se lancer dans l’entreprenariat car elles ont peur de l’échec …
Une grande femme au nom d’Oprah Winfrey a dit : « je n’ai jamais eu d’échecs dans ma vie. Il n’y a pas eu d’échecs. Il y a eu des leçons épouvantables ». - Ne jamais perdre de vue son objectif : Avant d’intégrer le programme HEC Mercure, le Numa ou encore d’être lauréate de la French tech diversité, j’ai reçu plusieurs refus d’incubateur mais je n’ai rien lâché, bien au contraire, je rentrais chez moi et je travaillas dix fois plus !
- Dernière chose : prenez du temps pour vous ! C’est primordial de prendre du recul